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Communication visuelle

Communication visuelle

Europe Hôtel // 2008 - 2018

Le projet Europe Hôtel est intéressant pour souligner le travail de création graphique, l’établissement était lui aussi en phase de création.

Les nouveaux propriétaires reprennent un hôtel qui mérite de gros travaux. 70 chambres, piscine intérieure et extérieure, restaurant affilié, salles de séminaire. L’enveloppe de travaux s’élève à 3 millions d’euros. Les objectifs étaient :

 

Logo et imaginaire Europe-Hôtel

Illustration n°2.1.1- Refonte Logo Europe Hôtel et création Logo Chez Ernest - Documents personnels

Je suis parti sur l’idée de moderniser le logo en utilisant des couleurs acidulées et une typographie fine et élégante.

La décoration et le mobilier de l’hôtel m’ont inspiré, avec un jeu entre brun chocolat et vert anis. La police antique«Gill sans» semble compiler au mieux dynamisme, modernité et style.

Le graphisme est composé d’une lune, symbolique d’une nuitée en hôtellerie, reprise de l’identité de l’ancien logo, et des étoiles européennes.
Le précédent logo comportait trois étoiles, en référence aux trois établissements que possèdait l’ancien propriétaire. Au rachat de l’établissement, cet fois-ci seul, les trois étoiles n’avaient plus lieu d’être. Le client souhaitait faire figurer les étoiles européennes. J’aurai pu symboliser l’europe d’une autre manière (union, ouverture, langues, cultures...). Néanmoins, le mariage de la lune et des étoiles est cohérent. Si l’on regarde bien, on compte quatorze étoiles. Le discours tenu est que la quinzième étoile n’est autre que l’hôtel !

L’identité du restaurant est arrivée un an après. Désormais le restaurant s’appelle «Chez Ernest».

J’ai pour cette occasion travaillé sur une identité visuelle basée sur une histoire inventée, celle d’Ernest, un aviateur de la fin du 19e siècle. Le restaurant accueille ses clients dans cet univers narratif et décoratif (mobilier ancien de style colonial). Lorsqu’un client demande qui est Ernest, le personnel de service s’adonne à narrer l’histoire de cet explorateur. Un texte de présentation de la main d’Ernest figure en première page du menu.

Le logo «Chez Ernest» doit trouver repère sur «Europe Hôtel». Même structure graphique, maintient du cercle, rappel de couleur. Différenciation pour s’ancrer dans l’univers d’Ernest avec une typographie manuscrite, un cercle en pointillés symbolisant les points de trajet sur les anciennes cartes géographiques et le symbole des couverts de la restauration.

L’identité graphique pouvait dès lors toucher directement son public: les clients du restaurant. J’ai réfléchi à des cartes de menu déclinées : carte des mets, carte des vins, carte du bar (toutes imprimées chez des prestataires spécifiques).

Illustration n°2.1.2- Couverture de la carte de menu Chez Ernest

Sur ces cartes (voir illustration 2.1.2 et 2.1.3), les pages sont toutes composées différemment. Un petit édito présente l’histoire d’Ernest.

Le graphisme intérieur des cartes baigne dans un univers XIXe siècle avec illustrations en bichromie autour de l’aviateur et l’explorateur qu’était Ernest.

En trois ans la décoration du lieu s’est bien étoffée. Les modèles de cartes ont également étés refondus.

Les autres éléments de communication, notamment externes, ont une orientation plus moderne afin de se fondre dans les us et coutumes graphiques que l’on retrouve et de proposer un design moderne et professionnel.

D’après S. Maillet et A-M. Sauvage:

Nombre de graphistes rappellent volontiers qu’en répondant à des commandes, ils ont forcément un statut différent des artistes qui, eux, développent leur propre projet (...) Mais cela n’empêche pas les graphistes de signer leurs travaux. Si le débat d’un graphisme d’auteur semble aujourd’hui moins intense, il reste que l’implication du graphiste, l’affirmation de sa subjectivité dans le traitement d’un sujet font de sa démarche un travail relevant bien autant de l’interprétation que d’un savoir-faire.

Je suis de cet avis dans le sens où je ne considère pas une création graphique comme une oeuvre artistique. Le cas de l’Europe Hôtel est révélateur puisque le visuel va trouver vie par rapport à l’univers externe (les clients potentiels) et sous la baguette des commanditaires. Pourtant, en aucun sens je ne me sentais bridé par ces derniers et au fur et à mesure des années, j’ai plaisir à concevoir des visuels par voie de commande. J’y trouve même interessant de ne pas me retrouver dans un état de page blanche provoqué par une liberté absolue. La contrainte m’inspire et un vrai travail collaboratif se met alors en place, sauf dans quelques rares cas où le client est bloqué sur ses convictions et fermé à toute nouvelle proposition.

Illustration n°2.1.3 - Carte chez Ernest, intérieur, les entrées

 

Même dans le cas du projet Imagine Impro, où j’étais graphiste/commanditaire, je ne prétends pas contribuer à une oeuvre artistique comme on pourrait l’entendre. Les différents leviers d’influences qui gravitent autour de l’accouchement du projet ont inconsciement impacté sur le visuel tiré. Le graphisme est un «oeil» artistique aidé d’une connaissance technique et culturelle. Une oeuvre est, elle, détachée de toute contrainte.

Toujours D’après S. Maillet et A-M. Sauvage, dans «LE GRAPHISTE ET L’ARTISTE», «les graphistes apportent leur contribution, dans les domaines de la création contemporaine, à des publications très diverses pouvant aller du catalogue collectif jusqu’à la couverture d’une oeuvre littéraire (...) La commande faite au graphiste peut aussi aujourd’hui porter sur des objets entrant dans le dispositif d’une oeuvre déployée dans l’espace et l’affiche participer de l’oeuvre elle-même (...) Le graphisme met – ou peut mettre – aussi en jeu l’univers personnel du graphiste. M/M (Paris) tend à ne pas faire de distinction entre travaux commandités et oeuvre autonome, et souligne volontiers la fluidité, la continuité entre ses différents projets. (...) On ne peut s’empêcher d’y voir aussi comme une métaphore, la transposition du rapprochement des univers qui s’opère dans la pratique du graphisme.»

Elles terminent sur la reflexion que le graphiste a pour position d’être «interprète visuel, partie prenante de l’élaboration d’une oeuvre, ou encore auteur ayant l’initiative de propositions personnelles originales, dans lesquelles le plus souvent il explore un aspect ou une pratique du graphisme»

J’en ressors qu’il y a éperduement un entremêlement des univers entre ‘l’oeuvre’ proposée par le graphiste et celle du commanditaire. Que le graphiste a sa touche, son style, mis en oeuvre dans une conception. Pour autant je prétends que le graphiste contemporain propose un style lissé par les usages contemporains. Sa touche est relativement minime aux vues de ses potentiels. Moi-même je me sens graphiste moderne, enfant du glossydesign et du skeuomorphismedes années 2000 et du flat design des années 2010.

Je n’ai pas assez de recul pour juger si j’ai un style démarqué tant je me sens investi par chaque esthétique de projet. Le graphiste est le garant de l’espace visuel dans lequel nous vivons.